Eléments succincts d'histoire centrés sur l'Ouzbékistan
Un creuset de peuples et de cultures
La mise au jour d'un outillage lithique témoigne de l’installation de l’Homme moderne (Homo Sapiens Sapiens) en Ouzbékistan au cours du Paléolithique supérieur (en gros 40 000 à 10 000 ans). Avec la Néolithisation de l’Asie Centrale, certains groupes humains vont progressivement se sédentariser et devenir agriculteurs grâce à l’irrigation. De nombreuses cultures verront le jour en Asie Centrale : Scythes (VII à IIIème s av J.C.), Parthes (250 à 226 av. J.C.) ou encore Kouchans (I à IIIème ap J.C.), etc. Au VIème s av. J.-C. L'empire Achéménide domine la région (ainsi que l’Asie Mineure, l’Afghanistan, la Syrie, l'Égypte, la Jordanie, Israël, etc.) et y développe une culture originale jusqu’en à 327 av. J.-C. date de son renversement par Alexandre le Grand. Ses successeurs fondent le royaume gréco-bactrien. De nombreux peuples (Huns, Sassanides, etc.) déferlent sur l’Asie Centrale durant les siècles suivants, transformant peu à peu Afrasiab (l’ancienne Samarcande) en une plaque tournante du commerce de ce qui sera appelé des siècles plus tard, les Routes de la Soie.
IX-XIIIème s ap J.C : des Arabes à Genghis Khan
Les Arabes commencent la conquête de l’Ouzbékistan actuel vers 712 ap J.C., annexant la Transoxiane (région de Boukhara et de Samarcande) jusqu’à Tachkent. Leur influence (islamisation notamment) se renforce lorsqu’ils remportent la Bataille de Talas (Taraz, au Kazakhstan actuel) contre les Chinois (dynastie Tang) en 751 ap J.C. Ils récupèrent alors un territoire allant jusqu’au Pamir, chaîne montagneuse à cheval sur le Tadjikistan et l’Afghanistan, par laquelle passent les Routes de la Soie. Au IXème s ap J.C., apparaît en Transoxiane la dynastie perse des Samanides (875 à 999 ap J.C.) qui favorise le commerce et la culture. Elle sera écartée par les Qarakhanides (X-XIIIème s ap J.C.), dynastie Turque qui perdura jusqu’à l’arrivée des mongols au XIIIème s ap J.C. Menés par Gengis Khan (1155-1227 ap J.C.), ils rasent de nombreuses villes prospères dont Afrasiab. Malgré tout, Gengis Khan instaurera la « paix mongole », prônant la tolérance et installant une administration efficace. A sa mort, l’empire est divisé entre ses fils qui fondent chacun une dynastie qui perdura (Khanat de Djaghataï en Asie centrale, Ilkhanides en Iran, Horde d'Or en Russie, etc.).
La dynastie Timouride : 1370 - 1507 ap J.C.
En 1370 ap J.C. Timur/Timour (1336-1405 ap J.C.) (appelé Tamerlan en Europe), accède au pouvoir. Samarcande, foyer commercial est sous son autorité. A partir de cette époque commencent 35 années de conquêtes qui aboutissent à la création d’un immense empire allant du Caucase à l'Inde et comprenant la Russie actuelle. Sa mort l’emporte avant d’avoir conquis la Chine, qui lui résiste. Il fit de Samarcande une capitale économique florissante et prestigieuse, ouverte aux arts et aux sciences. Son petit fils Ulugh Beg, empereur et astronome, poursuit son œuvre, mais il est assassiné par son propre fils en 1449 ap J.C. L’empire timouride survit malgré tout jusqu’au début du XVIème ap J.C. avant de se morceler à partir de 1507 ap J.C. La Transoxiane fut ensuite occupée par les Ouzbeks et la dynastie iranienne des Safavides. Le dernier timouride, Babur, cherche sans succès à reconstituer l'empire à partir des anciennes possessions timourides, mais il abandonne finalement cette idée et part en Inde, fondant en 1525 ap J.C. la dynastie des Grands Moghols à Agra, laquelle régna sur l’Inde du Nord jusqu’à l’arrivée des anglais au XIXème ap J.C.
Russes, soviétiques, Ouzbeks
Les Russes, qui voulaient accéder à l'Océan Indien, entretiennent des relations diplomatiques avec les khanats ouzbeks du XVIème au milieu du XIXème s ap J.C. et finissent par lancer des offensives et soumettre les khanats de Boukhara, Khiva, Tachkent, etc. Les territoires conquis sont regroupés en un ensemble appelé Turkestan. La République d’Ouzbékistan fut créée par les soviétiques le 27 octobre 1924, avant d’intégrer l'URSS un an plus tard. Le 31 août 1991, l'Ouzbékistan déclare son indépendance. Depuis, le pays a renforcé sa présence sur la scène internationale, adhéré à l'ONU, entamé de grands travaux de reconstruction urbaine et routière, etc. L’économie se renforce peu à peu mais de nombreux problèmes subsistent, dont la monoculture du coton qui provoque des dégâts écologiques graves, (disparition de la mer d'Aral) et touche aussi les hommes (maladies) et le patrimoine culturel qui se détériore rapidement (montée des nappes phréatiques, dépôt de sels, etc.).
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Repères bibliographiques
- BACQUE-GRAMMONT J-L., 1980, Le livre de Babur : mémoires de Zahiruddin Muhammad Babur, Publ. orientalistes de France, Paris, 1980
- BLAIR S., BLOOM J., 1996, The art and architecture of Islam, Yale University Press, New ed., 396 p.
- BOULNOIS L., 2001, La Route de la soie : Dieux, guerriers et marchands, 558 p.
- BOSWORTH C.E., 1999, Les dynasties musulmanes, Actes Sud, 334 p.
- Cartes des empires Achéménides et Samanides : page de F.Dany http://commons.wikimedia.org/wiki/User:Fabienkhan
- ELOUARD D, 1999, Le souffle brûlant des conquêtes, Ulysse, mars/avril 1999, T1737, 56-59.
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- UNESCO, 1998, History of civilisations of Central Asia, Série en 6 volumes, Unesco Publishing, Paris.