Le rayonnement des travaux d’Ulugh Beg

 

Après l’assassinat d’Ulugh Beg, la situation politique devint très perturbée et la vie devint de plus en plus difficile pour les savants. A nouveau la répression s’installa et de nombreux savants furent  soumis, maltraités, émigrèrent ou disparurent. Le Zij fut sauvé par Ali Kuschchi, qui partit avec une copie des tables astronomiques  et se réfugia à Tabriz, auprès d'Uzun Hasan. Celui-ci l'envoya ensuite à Istanbul, auprès du sultan ottoman Mehmed II Fatih (le conquérant), où il s'occupa d'enseignement scientifique à la Madrasa Aya Sofia (Sainte-Sophie). (Haddad L, 2000).

 

Le Zij  est parvenu en Europe au 17ème siècle et c’est à Oxford, en 1648 ap J.C., que pour la première fois a été partiellement édité le travail réalisé par Ulugh Beg dans son observatoire.

Depuis, on a pu noter l’influence  des travaux d’Ulugh Beg  dans divers domaines (Krisciunas, non daté).

    - les données astronomiques ont servi de base de comparaison aux astronomes européens, mais à une époque où des mesures plus précises se développaient rapidement,

    - l’étude de la rotation de la Terre et du mouvement de la lune et des planètes,

    - la construction d’observatoires, comme ce fut le cas en Inde, avec le 

    Jantar Mantar, construit en 1728 par le maharajah Jai Singh, grand

     admirateur d’Ulugh Beg (Giraud, 2006).

 

Les Tables d'astronomie d'Ulugh Beg, "Longitude et latitude des étoiles". (Hyde, 1665).
Les Tables d'astronomie d'Ulugh Beg, "Longitude et latitude des étoiles". (Hyde, 1665).

C’est John Greaves (1602-1652 ap J.C.), professeur d'astronomie à Oxford qui le premier a publié et commenté les travaux d’Ulugh Beg , en 1648 ap J.C., dans "Quibus accesserunt, Insigniorum aliquot Stellarum Longitudines, ex Astro-nomicis Observationibus Ulug Beighi, Tamerlani Magni Nepotis, Oxoniae". Ensuite d'autres éditions plus ou moins complètes seront éditées. On citera, selon  (Cheglov, 1968), (Вступительная статья, 1968), (Krisciunas, non daté), et (Knobel, 1917) :

  •  en 1648, "Binae Tabulae Geographicae, una Nassir Persae, altera Ulug Beg Tatari, J Gravii, Lugduni, Batavorum"
  • en 1665., "Tabulae Long. Ac Lat. Stellarum Fixarum, ex observatione Ulugh Beighi, Tamerlanis magni Nepotis Regionum ..., Oxonii", de Thomas Hyde.
  •  en 1690, "Prodromus Astronomiae" d'Hevelius, astronome polonais (1611-1687 ap J.C.), (J. Hevelius,1690).

.

"Prodromus Astronomiae". (Hevelius, 1690)
"Prodromus Astronomiae". (Hevelius, 1690)

Dans Prodromus Astronomiae on trouve des illustrations d’Ulugh Beg en compagnie des plus célèbres astronomes depuis l'antiquité, montrant à quel niveau élevé de considération, Hevelius tenait Ulugh Beg. Une illustration figure la muse de l’astronomie Uranie avec 5 astronomes dont Ulugh Beg. (Linda Hall Library, 2009). Une autre illustration montre 11 célèbres astronomes:

Les grecs :  Timocharis (320-260 av JC), Hipparchus (190-120 av JC), Ptolémée (90-168 ap J.C.)

Les arabes : Al-Battany (850-929 ap J.C.), Ulugh Beg (1394-1449 ap J.C.),

Les européens : Aristocrate de Walter (1430-1504 ap J.C.), Tycho Brahe (1546-1601 ap J.C.), JM Von Königsberg dit Regiomontanus (1436-1476 ap J.C.), Guillaume IV de Hesse Cassel (1532-1592 ap J.C.), dit Prince Hass, Riccioli (1598-1671 ap J.C.), Copernic (1473-1543 ap J.C.).

 

.l

Illustration du livre "Prodromus Astronomiae". (Photographie M. Vidal, 2009).
Illustration du livre "Prodromus Astronomiae". (Photographie M. Vidal, 2009).

.l

Autre illustration du livre "Prodromus Astronomiae"  figurant Hevelius à gauche, en compagnie des astronomes Prince Hass, Ulugh Beg, Ptolémée, Tycho Brahe et Riccioli, assis autour d'Uranie . (Photographie M. Vidal, 2009).
Autre illustration du livre "Prodromus Astronomiae" figurant Hevelius à gauche, en compagnie des astronomes Prince Hass, Ulugh Beg, Ptolémée, Tycho Brahe et Riccioli, assis autour d'Uranie . (Photographie M. Vidal, 2009).

 

 

Par la suite le catalogue d’Ulugh Beg a été édité plusieurs fois en Europe et en Amérique. 

On peut citer, selon l'académicien russe V.P.Cheglov (Cheglov V.P., 1968):

  • en 1725, Flamsteed , Directeur Observatoire de Greenwich, Londres
  • en 1767, Charp, 2ème édition du catalogue de Thomas Hyde, Londres
  • en 1843, Baily, 3ème édition du catalogue de Hyde, Londres
  • en 1839, A. Sédillot, Prolégomènes des Tables d’Ulugh Beg, Paris,
  • en 1917, E.B. Knobel, Ulugh Beg’s catalogue of stars, Washington.

.Portraits d'astronomes et d'illustrations de documents

 

Par la suite le catalogue d’Ulugh Beg a été édité plusieurs fois . On peut citer, d’après (Cheglov, 1968) et (Krisciunas, non daté):

  • en 1725, Flamsteed, Directeur Observatoire de Greenwich, Londres
  • en 1767, Charp, 2ème édition du catalogue de Thomas Hyde,
  • en 1843, Bayley, 3ème édition du catalogue de Hyde, Londres
  • en 1839, Sédillot, Tables astronomiques d’Ulugh Beg, Paris, (Sedillot LA, 1847/1853]
  • en 1917, Knobel , Ulugh Beg’s catalogue of stars, Washington (Knobel E, 1917)

 

Il existe par ailleurs des dizaines de manuscrits copies du Zij d’Ulugh Beg dans les bibliothèques d’Europe et d’Asie.

Une copie du premier traité de 1437, en langue tadjik, se trouve à l’institut des études orientales de l’Académie des Sciences Ouzbek (manuscrit 2214). (Babour Aminov, 2009, communication privée).

 

Le Zij-i-Gurgani a aussi servi de référence à de nombreux travaux d’astronomie en Asie Centrale, Inde, Chine et Europe, aussi bien pour les données astronomiques qu’il contenait que pour les informations techniques relatives à la construction d’observatoires.

 

Cependant à l’époque où il a commencé à être connu et diffusé largement, les européens disposaient d’observatoires plus performants, comme celui de Tycho Brahé, et les instruments d’observation commençaient à évoluer notablement avec le développement de l’optique (apparition des lunettes et autres télescopes au 17ème siècle), ce qui a certainement atténué le rayonnement des travaux d’Ulugh Beg. 

 

De nombreux timbres ont été émis par divers pays pour commémorer le Prince astronome Ulugh Beg. Quelques uns sont présentés ci-après, à la gloire d'Ulugh Beg, faisant  quelquefois référence à son fameux sextant.

 

 

L’observatoire de Samarcande et le Zij-i-Gurgani, associés au nom d’Ulugh Beg,  resteront, dans le domaine de l’astronomie, comme de très importants chef-d’œuvres de l’Asie et des sciences arabes, certainement les plus marquants de la période concernée.